Hommage à Maria Papa Rostkowska et son œuvre « La promesse de bonheur »

Jeudi 21 septembre

Palais Bourbon, terrasse de la Salle des Pas-Perdu
Seul le prononcé fait foi

Mesdames et messieurs les membres du Bureau,

Mesdames et messieurs les députés,

Mesdames, messieurs,

Il y a un peu plus de cent ans, naissait à Varsovie, dans la famille Baranowski, une petite Maria, quatrième fille du couple.

Plus tard elle deviendra, sous le nom de Maria Papa, une artiste accomplie, reconnue, égale de César et de Jean Arp.

Mais n’oublions pas les épreuves par lesquelles passa cette enfant de Varsovie, dans l’Europe tragique des années noires. Au lycée, c’est clandestinement que l’artiste-peintre Wanda Telakowska lui donne des cours de dessin. En 1943, tout juste âgée de 20 ans, Maria épouse Ludwik Rostkowski, membre de l’organisation clandestine Zegota ; avec son mari et son beau-père, elle aide des juifs à fuir le ghetto. Ludwik recevra d’ailleurs la médaille des Justes parmi les Nations, à Yad Vashem.

Quand éclate l’insurrection de Varsovie, le 1er août 1944, Maria devient « Katarzyna », son nom de code au sein de la Résistance armée. 

Déportée par les nazis en 1945, elle trouve en elle l’énergie de sauter du train qui l’emportait vers Auschwitz : la mort devra attendre, Maria a rendez-vous avec la vie, puisqu’elle donne naissance à son fils à la fin de l’année – à la fin de la guerre.

Décorée de la médaille militaire polonaise pour ses faits de Résistance, elle entre alors à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie. Et par chance pour nous Français, elle obtient une bourse pour étudier à Paris, ville inspiratrice qu’elle ne quittera guère que pour des séjours en Italie avec son second mari, Gualteri Papa di San Lazzaro.

Car elle rencontre les artistes de la Nouvelle École de Paris qui l’encouragent dans sa vocation. Elle sera sculptrice.

Des figures de guerriers anachroniques, un Ubu roi de terre cuite, l’aident à exorciser les souvenirs éprouvants des années de guerre et de désolation. Puis le travail de Maria Papa évolue vers des formes parfaites, dématérialisant la pierre pour l’adoucir et l’abstraire, évoquant la famille, la maternité, la Vie en rose, le Corps féminin

L’œuvre qui se trouve devant nous porte un titre enthousiasmant : La Promesse de bonheur. À quelques pas de l’hémicycle où nous votons la loi, elle nous rappelle la finalité même de l’engagement politique : améliorer la vie de nos concitoyens, offrir les conditions d’une vie heureuse et d’un avenir fécond.

Pour orienter les députés, Maria Papa a ainsi transformé un bloc de marbre blanc de Carrare en une onde légère, en un mouvement subtil qui semble traverser l’espace. Contrastant avec son socle de marbre noir, cette vague blanche évoque le surgissement de la joie de vivre – et de la vie tout court.

Je remercie la famille de Maria Papa d’avoir offert cette œuvre monumentale à l’Assemblée nationale, sous la présidence de Bernard Accoyer. Il ne peut être présent parmi nous aujourd’hui, mais m’a prié de vous saluer de sa part : « Jusqu’à ce don, m’a-t-il écrit, cet emplacement était occulté par des vitres opaques. L’œuvre et les espaces magnifiques et prestigieux voisins en ont été encore enrichis et embellis. »

La restauration de cette œuvre, intervenue cet été, nous permet de mieux apprécier encore le travail de Maria Papa, qui nous transporte loin du tumulte ordinaire de la vie publique, sur les hauteurs.

En cette Journée internationale de la paix, je suis heureuse de rendre hommage à une artiste militante, à une femme engagée qui, par son art, nous aide à nous élever jusqu’à l’idéal humaniste qui était le sien.

Maria Papa n’est plus, mais ses promesses de pierre et les lignes épurées de son art ont traversé le siècle : je suis heureuse et fière de lui rendre hommage, en présence des siens et de tous ceux qui l’admirent. 

Je vous remercie, et je cède la parole à son fils, Nicolas Rostkowski.
 

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