Lancement de la 7e édition de la Fête de la Mer et des Littoraux
Mardi 27 mai
Galerie des Fêtes
Seul le prononcé fait foi
Madame la députée, chère Sophie Panonacle,
Monsieur le député, cher Jimmy Pahun,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le Président de l’Ifremer,
Mesdames, messieurs les pêcheurs, artistes, scientifiques, amoureux de la mer,
Mesdames, messieurs,
Dans Vingt mille lieues sous les mers, le célébrissime roman de Jules Verne, le Professeur Aronnax demande au capitaine Nemo pourquoi la mer lui est si chère :
Et le capitaine du Nautilus de répondre : « La mer est tout ! Elle couvre les sept dixièmes du globe terrestre. Son souffle est pur et sain. Ah ! vivez, vivez au sein des mers! Là seulement est l’indépendance ! »
Mais cette planète Mer, ce poumon bleu, l’humanité est en train de l’asphyxier, de l’acidifier, de le plastifier.
Chaque minute, c’est l’équivalent d’un camion-benne de plastique qui se déverse dans l’océan.
Or pour protéger la mer, la France porte une responsabilité singulière. Car rappelons-le, avec force et fierté : la France est une grande nation bleue, bordée par tous les océans.
Par le Pacifique, avec la Polynésie française, Wallis-et-Futuna, la Nouvelle-Calédonie.
Par l’Atlantique, avec la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, ou la Guyane et Saint-Pierre-et-Miquelon.
Par l’océan Indien, avec La Réunion, Mayotte, les îles Éparses.
Et jusque dans les mers australes, avec Kerguelen, Crozet, Amsterdam, Saint-Paul, et la Terre Adélie.
Et à ce sujet, si 2025 est l’année de la mer, elle sera aussi l’année des TAAF à l'Assemblée nationale. Puisque nous célébrons les 70 ans de la loi du 6 août 1955 portant statut des TAAF.
J’ai donc le plaisir de vous donner aussi rendez-vous en novembre, pour une exposition organisée avec le Groupe d’études Arctique / Antarctique, et la préfecture des TAAF.
Elle mettra en lumière les trésors écologiques de nos terres du bout du monde, en résonance avec la COP 30 au Brésil.
Oui, Mesdames, Messieurs, la France est un archipel planétaire, avec la deuxième ZEE la plus grande du monde - soit 10,2 millions de kilomètres carrés, dont 97% sont en Outre-Mer.
Cette immensité bleue nous donne certes des droits, mais aussi des devoirs.
Et la France les assume.
Plus d’un tiers de nos aires marines sont classées en aires marines protégées et 6 espèces de mammifères marins dans le monde sur 10 y vivent. Notamment dans la réserve de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie ou dans celle des TAAF,
la deuxième plus grande au monde.
Être une nation bleue, cela signifie également déployer une diplomatie bleue.
Et là aussi, la France tient son rang, en accueillant la grande Conférence des Nations unies sur l'Océan qui s’ouvrira le 9 juin à Nice. Elle réunira une centaine de chefs d’État et de gouvernement pour donner un nouvel élan à la mobilisation mondiale pour la protection des océans.
Ici à l’Assemblée nationale, au cœur de la démocratie représentative, nous prenons aussi toute la mesure de notre responsabilité comme législateurs, acteurs et moteurs de la transition bleue.
Le mois dernier, notre hémicycle adoptait à l’unanimité une résolution appelant à créer, à Brest, un Institut des Nations unies pour les sciences océaniques – un signal fort à l’heure où la sœur de l’Ifremer, aux États-Unis, subit une purge financière et climatosceptique.
En 2023, les députés adoptaient une autre résolution pionnière, pour appeler à un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins, ces « mondes du silence » encore largement méconnus.
Et en 2022, une proposition de loi portée par un député amoureux des mers – cher Jimmy Pahun – fut adoptée à l’unanimité, pour interdire les plastiques à usage unique non recyclables.
Mais notre Assemblée ne se contente pas de voter les lois.
Elle participe aussi à éveiller les consciences, à former les nouvelles générations.
C’est l’ambition de cette Fête de la Mer. Et c'est aussi l’esprit du Parlement des Enfants, qui se tiendra la semaine prochaine dans l’hémicycle et qui aura pour thème les océans.
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Mesdames, messieurs, Oui, la mer constitue un trésor dont la garde nous incombe collectivement.
Un trésor écologique, mais aussi économique.
Plus d’un demi-million d’emplois s’ancrent en effet à l’économie bleue. Dans la pêche, le tourisme, l’aquaculture, le transport, la construction navale.
Mais nous le savons, cette économie bleue affronte des vents tempétueux.
Et je veux ici adresser un mot direct, un mot sincère, un mot fort, à tous les représentants du monde de la pêche ici présents.
Sachez que l'Assemblée se tient à votre écoute et à vos côtés, indéfectiblement.
Je mesure vos inquiétudes et comprends vos attentes – pour les avoir constatées directement auprès de nos ostréiculteurs à Château d'Oléron ou à la criée de Guilvinec.
Et que demandent nos pêcheurs ? Une législation qui protège l’environnement sans condamner les métiers de la mer.
C'est cet équilibre qu'il faut trouver, et cela tombe bien : je suis une femme de nuances et d’équilibre. Je le crois profondément : écologie et économie sont la proue et la poupe du même vaisseau.
Dès lors, l'Assemblée nationale doit répondre aux attentes de la filière « pêche » en formulant des propositions concrètes et ambitieuses.
C'est l’ambition de la mission d’information sur la modernisation de l’appareil productif de la pêche dont les auditions ont commencé le mois dernier, et dont le co-rapporteur, le député Stéphane Buchou, a fixé le cap : refondre notre modèle de gestion halieutique.
C’est aussi tout l’enjeu de votre proposition de loi pour une pêche prospère et durable, cher Jimmy Pahun, pour accompagner la transition durable de notre flotte.
Et malgré un calendrier parlementaire dense, je souhaite que la représentation nationale puisse se saisir de votre proposition de loi en temps utile. Car soutenir la pêche, c’est soutenir une France qui se lève avant le soleil pour nous nourrir. Et cette France-là, l’Assemblée ne doit jamais la laisser à quai.
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Cher Jimmy Pahun, vous n’êtes pas le seul skippeur ici.
Et je ne parle pas que de moi !
Mais aussi du parrain de cette Fête, Yves Parlier, navigateur hors pair. Je le remercie, tout comme notre marraine, Nadia Améziane : vous êtes une océanographe passionnée et passionnante et nous aurons aussi la chance de vous écouter dans un instant.
Chère Sophie Panonacle, vous aussi, vous avez le pied marin. Merci pour tout votre engagement exemplaire. C’est vous qui tenez le gouvernail de cette Fête, que vous avez brillamment amarrée à l’Assemblée, mais aussi dans tant de villes-escales : La Rochelle, Lège-Cap-Ferret, Dinard, Concarneau, Sète, Le Havre… et Pornic.
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Pornic, « L’aimable et sérieux abri de Pornic », comme écrivait Jules Michelet dans son ouvrage justement nommé, La Mer.
Car oui, la mer est une muse qui inspire les plumes et les pinceaux, de Baudelaire à Turner, de Sand à Hugo, de Monet à Berthe Morisot,
Peindre la mer, capter sa lumière pour mieux l’aimer et la protéger, telle est aussi la vocation du Corps des Peintres officiels de la Marine – et nous exposerons notamment les photographies magnifiques d’Ewan Lebourdais, qui nous feraient presque entendre le ressac des vagues.
Enfin, comment aimer la mer sans la savourer ?
Et bonne nouvelle, ce soir, nous en aurons l’occasion… grâce à notre buffet marin, élaboré avec le Comité National de la Conchyliculture, le Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins et le vignoble de Tutiac.
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Mesdames, Messieurs,
« Les hommes ont tourné le dos à l'envoûtement des océans » déplorait le grand poète et amoureux de la mer, Luis Sepulveda.
Mais ce soir, nous prenons un malin plaisir à le contredire – puisque c'est l'appel du grand bleu qui nous envoûte à nouveau.
Vive la mer, et que sa fête commence !