Lundi 18 novembre 2024
Discours
Discours
Cérémonie de la 2e édition de remise du Prix Littéraire Gisèle Halimi
Mardi 19 novembre
Galerie des Fêtes
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Président de la Délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation, Cher Stéphane Delautrette,
Mesdames et messieurs les membres du Bureau,
Mesdames et messieurs les députés,
Mesdames et messieurs les maires de France, adjoints et élus locaux,
Mesdames et messieurs,
« C’est dans la commune que réside la force des peuples libres. Les institutions communales mettent la liberté à la portée du peuple. »
Ces mots de Tocqueville ont été écrits il y a près de 200 ans, mais après avoir arpenté chacune de vos communes, chacun de vos territoires, je peux l’affirmer à mon tour : Tocqueville avait vu juste.
Dans l’Hexagone ou en Outre-Mer, depuis le soleil d’Occitanie jusqu'à mes terres natales de Lorraine, de la Bretagne à la Provence, sur les rives de la Loire ou du Rhône, en Île-de-France, dans chacune de vos communes, j’ai senti et ressenti l’ardeur de votre engagement.
Je tenais à vous recevoir ce soir pour saluer votre dévouement. Vous êtes les visages de la République au quotidien.
Mais je voulais aussi vous rendre la pareille : car puisque vous m’avez accueillie chez vous, je tenais à vous recevoir à mon tour à l’hôtel de Lassay, l’hôtel du peuple français.
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Alors je vous l’avoue, je suis un peu jalouse. Chaque année, les maires caracolent en tête du classement des élus auxquels les Français font confiance. Cette confiance ? Vous la méritez, par votre proximité, votre présence, votre patience et votre persévérance.
Face aux défis de l’écologie, de la santé ou du logement, vous êtes en première ligne et incarnez ce fameux « dernier kilomètre » de l’action publique.
Vos retours d’expérience sont à ce titre précieux pour les législateurs que nous sommes. Et je voudrais d’ailleurs saluer tous les députés présents, ceux de la Délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation comme ceux qui m’ont soufflé l’idée de certains de mes déplacements.
Et si je me sens proche de vous, c’est parce que je suis aussi l’une des vôtres à travers mon mandat de conseillère municipale au Vésinet.
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Au fil de mes 49 déplacements sur le territoire hexagonal et ultra marin, j’ai découvert des visages, des histoires, qui donnent chair à notre nation.
Pour les évoquer tous, il faudrait y passer toute la nuit.
Mais je veux partager quelques-uns de ces instants qui rendent chaque déplacement unique.
Ce que je préfère, c'est bien sûr le contact, mais aussi l’imprévu, le spontané.
Ce sont mes rencontres sur les marchés. Comme à Wissembourg, à l’invitation de la maire Sandra Fischer-Junk, lorsque des habitants m’ont raconté l’histoire de leur ville – et il ne faut pas dire village, vous y tenez.
Il est des échanges qui me tiennent particulièrement à cœur : ceux avec la jeunesse de notre pays.
Je me rappelle encore par exemple mes débats, cher Bertrand Courot et les collégiens de Sainte-Menehould, lorsque nous avons échangé passionnément sur les valeurs de notre République.
Et notre débat s’était d’ailleurs tenu dans une commune éminemment symbolique : à Valmy, cher Cédric François, où j’étais venue, en septembre 2022, pour commémorer le bicentenaire de cette bataille fondatrice de notre histoire républicaine.
Cette victoire inattendue et éclatante avait été obtenue au pied du fameux moulin de Valmy, devenu depuis le symbole de la bataille. Mais cette sentinelle mémorielle est aujourd'hui en danger : car une violente tempête a arraché ses ailes emblématiques.
Après l’évaluation des dégâts, est maintenant venu le temps de la reconstruction. C'est à ce titre, chère Lise Magnier, cher Cédric François, cher Bertrand Courot que vous m’avez sollicitée avec les élus de l’Argonne pour être la marraine de la grande souscription nationale qui visera à reconstruire le moulin.
C’est un immense honneur que vous me faites ! Ensemble, nous redonnerons des ailes à ce symbole de notre histoire, pour en faire plus que jamais un lieu de transmission à la jeunesse.
C’est cette même exigence de transmission qui me guide dans tous mes déplacements – par exemple à Maretz, chère Monique Lesne-Setiaux lorsque nous avons planté l’arbre de la démocratie avec les lauréats du Parlement des Enfants.
Et justement, à Maretz, des enfants qui avaient gagné le Prix m'ont dit ceci : « On ne pensait pas que vous viendriez car personne ne vient chez nous ! »
Eh bien oui, la place de la présidente de l'Assemblée nationale est aux côtés de tous les Français, sur tous les territoires, pour rappeler que la République n’oublie aucune de ses communes.
C'est cette même exigence de proximité, en particulier de nos services publics, que je porte comme élue des Yvelines –et je salue tous les élus yvelinois présents. Encore récemment, j’inaugurais par exemple un nouveau bureau de poste avec le maire de Sartrouville, Pierre Fond, qui ne peut être des nôtres, mais que je salue chaleureusement.
Une visite réussie, c'est aussi celle qui célèbre l’engagement citoyen. À Louviers, avec François-Xavier Priollaud, j’ai vu par exemple comment vous avez fait du relais de la flamme paralympique une véritable fête citoyenne, en portant un message puissant : celui de l’inclusion.
Enfin, une visite réussie permet d’allier l’utile à l’agréable. En me permettant de partager vos préoccupations mais aussi… votre gastronomie. En navigatrice, mais aussi en amatrice d’huitres, je repense ainsi à mon déplacement, au Château d’Oléron, et à mes échanges avec les ostréiculteurs pour mieux comprendre leurs préoccupations... Merci, cher Michel Parent, pour avoir fait de cette visite une perle.
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Je veux aussi avoir un mot particulier pour les maires et députés d’Outre-Mer présents en force ce soir.
Je vous l’ai dit ici même en 2022, lorsque je vous ai accueillis à Lassay : être maire, c’est l’un des plus beaux mandats de la République. Mais être maire d’Outre-Mer, c’est l’un des plus exigeants.
Mon attachement à vous est profond et ancien : à la Commission des Lois, comme ministre ou comme présidente de l’Assemblée, j’ai toujours œuvré pour que dans notre législation, il y ait ce fameux « réflexe Outre-Mer ». Pour penser à vous d’emblée, et non après-coup.
Je reviens justement de Nouvelle-Calédonie, où, avec le Président Larcher, j’ai rencontré les 33 maires de l’archipel – et je salue la présence ici de Wilfrid Weiss, maire de Koumac et de Florence Rolland, maire de La Foa. Elle vient d’être élue présidente de l’Association des collectivités et des communes des Outre-Mer, et je la félicite chaleureusement !
À tous les maires calédoniens, j’ai tenu à redire le soutien de notre République : soutien à la reconstruction, mais aussi au dialogue politique pour réinventer le « destin commun » calédonien. Je resterai à vos côtés pour faire aboutir ce dialogue, car sur le Caillou, comme ailleurs, aucune solution durable ne se bâtit sans vous.
Grâce à vous, maires d’Outre-Mer, le soleil ne se couche jamais sur la France. Sur tous les océans, vous portez haut les couleurs de la République, tout en incarnant ses spécificités et ses richesses.
Cette diversité de l’Outre-Mer, elle se célèbre, elle se ressent, et elle peut même se boire : car nous aurons le plaisir de déguster des rhums polynésiens, martiniquais, guadeloupéens et réunionnais.
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Mesdames et messieurs les maires,
Je sais la beauté de votre mission, la noblesse de votre engagement.
Mais j’en mesure aussi les épreuves quotidiennes.
Depuis les dernières municipales, 2400 maires ont démissionné. C’est un signal d’alarme pour notre démocratie.
Être maire, c'est en effet faire face à une imposante charge mentale. Une demande de subvention le matin, un mariage l’après-midi, une canalisation qui casse à 18h, et un PLU à revoir avant de se coucher. Vous êtes sur tous les fronts.
Et ce front est parfois dangereux. Beaucoup de maires le disent : « l’élu local, c'est le premier élu à portée de gifle. » Voire pire que la gifle. 69 % des maires déclarent avoir été victimes d'incivilités.
Ces violences ne sont pas des faits divers : elles sont une menace directe contre la République. Je veux ici les condamner ces violences avec la plus grande fermeté, comme avoir une pensée pour tous les maires agressés.
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Je veux vous adresser un message clair – à vous tous : vous trouverez toujours en moi une alliée indéfectible.
Un engagement me tient en particulier à cœur : renforcer votre statut, le statut de l’élu.
Dans sa dernière enquête, l’AMF rapportait ce témoignage d’une maire : « Je n’ai pas pris de congé maternité », disait-elle, « car cela m’interdisait de siéger en pleine période budgétaire ».
Comment accepter que vous ayez à choisir entre vos vies politique, personnelle et professionnelle ?
Il est donc temps de franchir un cap en définissant un nouveau statut de l’élu.
Je me réjouis donc de l’annonce faite, par le Premier ministre, de reprendre l’examen, à partir de janvier prochain, de la proposition de loi Gatel. Elle prévoit de nombreuses avancées comme une augmentation des indemnités de fonction, des bonus de trimestre de retraite, ou encore l’extension des frais de transports ou de garde. Elle permettra aussi de mieux protéger votre fonction, à travers l’automaticité de la protection fonctionnelle ou le renforcement de votre couverture sociale.
Cette proposition de loi avait été adoptée au Sénat à l’unanimité et je forme le vœu qu'une même unanimité se retrouve à l'Assemblée.
J’entends également toutes vos préoccupations sur les mesures de redressement financier prévues par le gouvernement. La situation budgétaire est difficile ; elle l’est pour tous. Comme conseillère municipale, sachez que je mesure pleinement toutes les contraintes financières qui pèsent sur vous. Vous respectez une règle d’or budgétaire. Et pourtant, chaque jour, vous faites beaucoup avec peu.
Vous êtes des gestionnaires exemplaires et je sais que vous prendrez, en responsabilité, votre part dans l’effort national — mais votre juste part.
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Mesdames et messieurs, j’ai devant moi ce soir une assemblée encore majoritairement masculine.
Est-ce surprenant, après tout ? Nous sommes le reflet d’une société dans laquelle 2 maires sur 10 seulement sont des femmes.
C’est pourquoi je plaide pour instaurer la parité à toutes les élections municipales, en étendant le principe des listes paritaires aux communes de moins de 1000 habitants — soit 25 000 des 35 000 communes de France.
Lors de la dernière législature, une proposition de loi EJLen ce sens a été adoptée à l'Assemblée. Je souhaite que ce texte soit prochainement inscrit à l’ordre du jour au Sénat, pour être appliqué dès les élections municipales de 2026. C’est un enjeu d’égalité.
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Mesdames et messieurs,
Être élu local, c'est agir en rassemblant au-delà des étiquettes politiques et des clivages.
Et ce pragmatisme que vous pratiquez dans vos conseils municipaux, je suis convaincue qu’il pourrait être une source d’inspiration utile pour notre Assemblée nationale.
Quand une bonne solution arrive, on ne doit plus se demander si elle est de gauche ou de droite, mais simplement : si elle est utile à la commune comme à la nation. Depuis le Perchoir comme sur le terrain, je continuerai donc à m’inspirer de vous, de votre pragmatisme. Et de votre côté, vous pourrez toujours compter sur moi comme un relais et une alliée.
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Chers tous, je vous ai parlé de rhum – la boisson. Je conclurai en parlant de Rome, la Ville. Avec un grand V.
Jules César disait : « J’aimerais mieux être le premier dans un village que le second à Rome. »
Et il avait raison ! Être maire, c’est être le visage vivant de la République pour les Français. Rome, c’est bien. Votre commune, c’est mieux. Merci à tous et vivent nos communes.
Vive la République !
Vive la France !
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