Hôtel de Lassay
^{Seul le prononcé fait foi}

Monsieur le ministre d’État,

Madame la ministre du Travail,

Mesdames et messieurs les parlementaires, 

Monsieur le Président du Trombinoscope, 

Monsieur le Président du jury, 

Mesdames et messieurs les journalistes et éditeurs de presse,

Mesdames, messieurs,

« En créant le Trombinoscope » écrivit Léon-Charles Bienvenu en 1871, « je n’ai jamais caressé le fol espoir que [l’on] m’enverrait une caisse de cigares de la Havane pour me remercier ». 

L’avenir lui donna raison : puisque les premières éditions du Trombinoscope déclenchèrent les foudres de la censure.

Il faut dire qu’y figurait un florilège de caricatures au vitriol, accompagnées de textes aussi drôles que sans pitié pour les puissants. 

Grévy, Ferry, Gambetta, nos illustres prédécesseurs, passèrent tous sous les fourches caudines, et caustiques, de notre Léon-Charles Bienvenu, alias « Touchatout ».

Aujourd’hui, nos portraits sont peut-être moins acérés et piquants, mais ils sont plus réalistes. Nous pouvons donc nous estimer chanceux ! Et si je parle de chance, ce n'est pas un hasard : car ces Prix du Trombinoscope sont mon porte-bonheur, mon trèfle à quatre feuilles.

La preuve ? Il y a trois ans déjà, le Jury me décernait le prix de « Députée de l’année ». Et quelques mois plus tard, j’étais élue Présidente de l'Assemblée nationale. 

En février dernier encore, j’eus l’honneur de recevoir, avec le Président du Sénat Gérard Larcher, le Prix des « personnalités politiques de l’année », après le succès de notre grande marche « Pour la République, et contre l’antisémitisme ». 

Et quelques mois plus tard, j’étais élue une deuxième fois Présidente de l'Assemblée.

En clair, à chaque fois que je suis primée, des élections législatives sont convoquées et je suis élue au Perchoir.

Vous connaissez tous le fameux adage : « Jamais deux sans trois »… Mais aujourd’hui, je formulerai une requête qu’aucun jury n’a jamais entendue : je ne veux pas de prix.

En ce moment, notre pays a plutôt grand besoin de stabilité institutionnelle. L’année 2024 fut déjà assez tumultueuse, avec la première dissolution en 27 ans et la première motion de censure adoptée en 62 ans.

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Cette nouvelle donne politique a eu une conséquence très claire : plus que jamais, l'Assemblée nationale est le centre cardinal, l’axe névralgique de notre vie démocratique.  

Oui, cet hémicycle est fragmenté, morcelé, divisé en 11 groupes parlementaires. Mais il est surtout à l’image du vote et de l’opinion des Français. Cette Assemblée nationale, c’est la nôtre, c’est la vôtre, c’est celle que les Français ont voulue et élue, à l’issue d’un scrutin législatif marqué par une participation record en 27 ans. 

Comme les parlementaires, nos concitoyens ne sont pas d’accord sur tout - c'est une litote. Est-ce un défi ? Oui. 

Une impasse ? Assurément pas. 

Une opportunité ? Je le crois.

Car cette législature, aussi incertaine et intranquille soit-elle, pourrait également amorcer un tournant dans notre histoire politique, avec l’émergence, progressive mais tangible, d’une nouvelle culture parlementaire. Celle du compromis.

Nous vivons donc une période charnière de notre vie démocratique : et c'est pourquoi cette édition du Trombinoscope pourrait bien devenir l’une des plus scrutées de ces dernières années.  

Par vous, journalistes politiques, qui chroniquez chaque pulsation de ce Parlement en recomposition.

Par le grand public, qui cherche à appréhender cette nouvelle arithmétique politique.

Par les historiens du futur, qui verront peut-être dans cette législature les prémices d’une nouvelle culture parlementaire. 

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Ce qui est certain, c’est que dans cette période tourmentée et tourbillonnante, vous, journalistes politiques et parlementaires, êtes plus que jamais indispensables.

Nous avons besoin de votre expertise pour décortiquer, décrypter, mettre en perspective.

Besoin de votre plume pour déjouer les infox qui pullulent sur les réseaux sociaux.

Besoin de vos analyses pour voir plus haut et plus loin. 

Je voulais donc vous remercier pour votre travail au quotidien et pour vos articles affutés, même si vos critiques sont parfois aussi implacables que les caricatures de notre Touchatout.

Mais de critiques cinglantes, il n’y en aura pas aujourd'hui. 

Car une vieille tradition nous réunira en ce début de soirée.

Pendant une heure, les plus mordants se feront magnanimes. 

Les plus féroces, presque flatteurs. Les plus critiques, étonnamment cléments.

Ne nous y trompons pas : c’est une parenthèse précieuse.  

Mais une parenthèse que nous allons savourer bien volontiers.

Nous célébrerons donc, ce soir, la personnalité politique de l’année, la ou le ministre de l’année, la révélation politique de l’année, la ou le député de l’année, la sénatrice ou le sénateur de l’année, l’élu local de l’année, l’européenne ou l’européen de l’année et, depuis l’an dernier, la personnalité inspirante de l’année.

Si les César du cinéma auront lieu dans deux semaines, les César des politiques, c'est en somme dès ce soir. 

Je sais que c'est un moment que vous attendez tous, mais je ne vendrai pas la mèche tout de suite. Les lauréats seront annoncés dans quelques instants par les vedettes de la presse politique française.

Mais en attendant, je cède la parole à une autre vedette, Alexandre Farro, Président du Trombinoscope.