Hôtel de Lassay
^{Seul le prononcé fait foi}

Monsieur le vice-président, 

Madame la présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation,

Mesdames et messieurs les membres du Bureau,

Mesdames et messieurs les députés, chers collègues,

Monsieur le président de LCP-AN, cher Emmanuel Kessler,

Mesdames et messieurs les membres du jury,

Mesdames et messieurs les journalistes et photojournalistes,

Mesdames, messieurs,

« L’homme politique et la foule », a pu dire le grand photographe Raymond Depardon, « c'est un thème éternel. Il faut sortir l’homme de la foule et le montrer dans un geste simple, pour que les gens puissent mieux ressentir leur vérité ».

Chers tous, aujourd'hui, pour cette deuxième édition du Prix de la photographie politique de l’Assemblée nationale et de LCP, nous célébrons ensemble cette magie de la photographie – nous célébrons ces « gestes simples » et pourtant éminemment complexes et essentiels pour notre démocratie.

Car dans notre société parfois saturée d’images, l’art photographique joue un rôle démocratique fondamental. En capturant notre époque et les femmes et les hommes qui la font, chaque photographie, du portrait présidentiel officiel au cliché de Jacques Chirac sautant par-dessus un tourniquet de métro, nourrit la réflexion et le débat politique. 

Oui, une photographie politique réussie résonne bien souvent comme un éditorial sans mots, comme une vérité qui se voit et qui révèle ce qu’aucun discours ne saurait exprimer : l’authenticité d’un geste, la sincérité d’un regard, ou la fragilité d’un instant. 

C’est donc pour saluer cette double vocation, à la fois artistique et démocratique, que sur une suggestion de Bertrand Delais, nous avons créé ce Prix.

**

Après le succès de l’an dernier, cette deuxième édition a dépassé nos espérances puisque les participants ont été deux fois plus nombreux !  

La tâche était donc deux fois plus ardue pour notre jury : je veux en remercier chacun des membres, et particulièrement Bettina Rheims, immense figure de la photographie française, qui nous a fait l’honneur d’être, pour la deuxième année consécutive, vice-présidente de ce jury.  Elle n’a pu être parmi nous aujourd'hui mais je la salue chaleureusement.

Le choix a été cornélien pour aboutir au lauréat que nous distinguerons. Mais je tenais à féliciter chacun de nos participants.

Ils étaient 93 cette année : soit 93 regards, 93 visions du monde politique qui forment ensemble une mosaïque éclatante de perspectives rendant hommage à la pluralité et à la richesse de notre démocratie.

93 participants – mais un seul lauréat donc, que nous annoncerons dans quelques instants.

**

Mais juste auparavant, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer.

J’ai l’immense plaisir de vous faire part d’une naissance – la naissance d’un « petit frère » à notre Prix. Puisque nous lançons aujourd'hui un concours de photographies politiques, destiné cette fois à tous les citoyens, et notamment aux nombreux personnels et collaborateurs de l’Assemblée nationale. 

L’appel à candidatures est d’ores et déjà lancé - et j’invite donc tous les Robert Capa en herbe à nous envoyer leurs clichés.

À tous les participants, à vous tous ici qui, par votre talent, votre contribution, transforment la politique en une œuvre humaine, lisible et - oserais-je le dire - lumineuse : je veux dire un grand merci. 

Merci pour rester loin des « clichés », et pour contribuer à éclairer notre débat politique et parlementaire.

Mais parce qu'une bonne image vaut mieux qu'un long discours, je céderai sans plus attendre la parole au président de LCP, cher Emmanuel Kessler, que je remercie aussi pour sa contribution au Prix. 

Je vous remercie. 

    **

Discours de Madame la Présidente à l’occasion de la remise du Grand Prix 

Mesdames, messieurs,

Le suspense est à son comble, mais il est désormais terminé.

Le Grand Prix de la photographie politique est attribué à…Cyril Bitton.

Cher Cyril Bitton, votre travail photographique que nous récompensons aujourd'hui n'est pas seulement celui d’un passionné de politique, mais aussi celui d’un passeur de mémoire.

Votre vision, votre regard sur le monde doivent en effet beaucoup aux études d’histoire que vous avez suivies à Lyon - et c'est donc tout naturellement que votre travail photographique ne cesse de faire dialoguer le présent et le passé, la réflexion mémorielle et la réflexion politique. 

Photographe indépendant à partir de 2000, et collaborant pour des titres prestigieux tels que Le Monde, Le Figaro Magazine, TIME ou encore L’Express, vos premiers travaux parmi les plus remarquables vous ont ainsi mené à étudier les traces contemporaines des grandes tragédies de l’histoire. 

C’est ainsi que des paysages post-apocalyptiques de Tchernobyl à la mémoire de la Shoah et des diasporas juives, vous n’avez cessé d’éclairer le présent à la lumière – ou plutôt l’ombre – du passé.

Mais loin de vous cantonner à l’histoire, vous avez affronté également les tumultes du présent : la crise des réfugiés en Tunisie, les manifestants de la place Taksim à Istanbul, le séisme de L’Aquila en Italie…autant de tragédies humaines où votre objectif a capturé et révélé l’invisible des drames de notre époque.

C’est aussi la dureté du réel politique que vous avez su saisir en couvrant la campagne des dernières élections présidentielles et législatives, en particulier à travers la photographie que nous récompensons aujourd'hui. 

Une photographie chargée de symboles, qui illustre à merveille que la politique est ce théâtre perpétuel d’ombres et de lumières.  Elle nous enseigne aussi une vérité plus profonde : si la politique tire son nom du mot "cité" en grec, elle confronte aussi souvent le responsable politique à des moments d’isolement et de retour sur soi, entre le tumulte des campagnes et le silence solitaire de l’introspection.

Cher Cyril Bitton, à travers votre regard, vous nous apprenez à voir la politique autrement : non pas comme une succession d’images figées, mais comme un espace de tensions, de doutes, et parfois de vérités crues et nues. Pour cela, nous vous remercions et saluons votre talent. Félicitations.