Déplacement en Guyane

Mercredi 14 décembre

Cayenne place des Palmistes
Seul le prononcé fait foi

Monsieur le préfet,

Monsieur le président du groupe de la gauche démocrate et républicaine, cher André Chassaigne,

Messieurs les députés,

Madame la maire de Cayenne,

Mesdames et messieurs les élus,

Mesdames, messieurs,

Le poète Pierre Reverdy disait « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ». Ma présence ici est la preuve de l’amour de la représentation nationale pour un territoire extra-ordinaire dans tous les sens du terme : la Guyane.

Car ce qui se passe en Guyane intéresse toute la République. Vos enjeux ne sont pas seulement locaux, régionaux, ultramarins : ils sont nationaux, parce que, de l’Oyapock au Maroni, vous êtes aux premières loges de la mondialisation. Parce que, de Saint Laurent du Maroni à Saint Georges de l’Oyapock, vous êtes aux avant-postes de la modernité.

Oui, au nom de la représentation nationale, et en présence du président André Chassaigne que je remercie de m’avoir accompagné, je veux le dire ici, explicitement : la Guyane, c’est la France en avance ! la Guyane, c’est la France qui avance ! 

Vous le savez, mon engagement à la présidence de l’Assemblée nationale est celle de l’ouverture de l’institution. Ouverture en grand de ses portes aux citoyens, aux artistes, à la jeunesse, au débat d’idées. Cette ouverture c’est également l’ouverture aux territoires.

Et je suis fière de pouvoir le faire pour mon treizième déplacement depuis mon élection au Perchoir, en venant vous rencontrer ici, à Cayenne, en Guyane, pour parcourir les deux plus vastes circonscriptions de France, à l’invitation de vos deux députés, Davy Rimane et Jean-Victor Castor.

Aller à la rencontre des Guyanaises et des Guyanais, leur ouvrir en grand les portes de l’Assemblée nationale, aider les plus jeunes à connaître et à s’approprier les institutions de la République, c’est cela, jouer le jeu de la démocratie.

En cette belle place des Palmistes, sous le regard de Félix Eboué, comment ne pas penser à cet homme d’exception qui, devant la jeunesse, en 1937, expliqua justement ce que signifiait pour lui jouer le jeu ?

« Jouer le jeu, disait-il, c’est savoir prendre ses responsabilités et assumer les initiatives […].

« Jouer le jeu, c’est, par la répudiation totale des préjugés, se libérer de ce qu’une expression moderne appelle le complexe d’infériorité. C’est aimer les hommes, tous les hommes, et se dire qu’ils sont tous bâtis selon la commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts.

« Jouer le jeu, c’est mépriser les intrigues et les cabales, ne jamais abdiquer malgré clameurs ou murmures et poursuivre la route droite que l’on s’est tracée. »

Eh bien oui, ensemble, jouons le jeu, allons sur cette route droite de la responsabilité politique : parlons de la Guyane et de la République, parlons de la Guyane dans la République, parlons de votre avenir et des grands chantiers auxquels nous allons œuvrer.

Félix Eboué, qui est né tout près d’ici, rue Christophe Colomb, repose aujourd’hui au Panthéon, parmi les grands personnages de l’histoire de France. Il est à l’image de cette merveilleuse et inépuisable Guyane, à laquelle la France doit tant.

Comme la mangrove, ici les racines sortent de terre et se lancent à l’assaut de l’océan et du ciel, portant haut la fibre guyanaise.

Comme la mangrove, ils furent nombreux, ces descendants d’esclaves qui, libres enfin, s’élevèrent dans la société, apportant leur concours à la liberté et à l’indépendance de la France. 

Félix Eboué, bien sûr.

Gaston Monnerville, député de la Guyane puis sénateur du Lot, deuxième personnage de l’État qui défia le général de Gaulle lui-même, quand le respect de la Constitution fut en jeu. 

Léon Gontran Damas, le député poète qui clamait son insatisfaction et jeta un peu de lumière guyanaise dans le monde des lettres parisien. Et combien d’autres, vos frères, vos sœurs, vos enfants qui sont aujourd’hui l’avenir de la République !

Et vous chère Christiane Taubira, femme de lettres, de combats et d’engagements, attachée à votre Guyane et à la République, vous avez fait la fierté du pays tout entier en portant deux des lois qui marqueront l’histoire : celle du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité et celle du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux personnes de même sexe. Votre présence ici nous oblige et nous honore. 

Et c’est ici, dans cette belle Guyane que je partage avec vous mon souhait qu’une salle du Palais-Bourbon porte bientôt le nom d’un descendant d’esclaves qui a œuvré pour la République et que l’Assemblée nationale puisse prendre également une part plus importante dans la commémoration des abolitions de l’esclavage.

Et pour ce faire, démarche innovante qui illustre l’attention que je porte à l’Histoire, je saisirai dans les prochaines semaines une commission d’historiens pour me faire des propositions. Je remercie ici le président André Chassaigne qui a également appuyé cette démarche et qui me fait l’honneur de participer à ce déplacement.

Pour moi vous le voyez, votre belle Guyane ne se résume pas à la vieille rengaine de l’esclavage et du bagne. Elle a été terre de souffrance, oui ; elle est maintenant terre d’opportunités. 

Dans six mois d’ailleurs, ce sera le 50e anniversaire du programme Ariane et je vous garantis que nous le célébrerons dignement à l’Assemblée nationale, pour rappeler que, sans la Guyane, il n’y aurait tout simplement pas de programme spatial européen.

Pour autant, la Guyane ne saurait être considérée comme un simple pas de tir. François Mitterrand l’a dit avant moi, « on ne lance pas des fusées depuis un bidonville ». Le développement doit être au rendez-vous et cette exigence est tout simplement républicaine.

Démographie, santé, diversité culturelle et linguistique, accès aux services publics dans les zones isolées, immigration, préservation de l’environnement : tous ces enjeux figurent au premier rang pour l’ensemble des députés, dans toute la France. Et c’est parce que ces enjeux se présentent ici avec une acuité particulière que j’ai voulu consacrer à la Guyane mon premier déplacement outre-mer. 

Vous êtes la plus grande région de France, englobant la première réserve française de biodiversité ; vous avez, avec le Brésil, notre plus longue frontière terrestre internationale. 

Vous êtes cette France de l’équinoxe où se joue notre avenir commun. L’Assemblée nationale ne vous oubliera pas, j’en prends l’engagement.

Vos élus le savent, j’ai proposé à madame la Première ministre une méthode de travail rénovée entre la représentation nationale et le Gouvernement. Cette méthode, vrai « new deal parlementaire », repose sur l’idée que les députés doivent être associés en amont, dès l’élaboration des textes. À plus forte raison sur les dossiers ultramarins, pour que les spécificités locales soient toujours prises en compte. 

Je le crois et je le dis : les Outre-mer, la Guyane, doivent irriguer nos travaux parlementaires. D’ailleurs, lorsque sera lancée la commission mixte transpartisane sur les institutions, annoncée par le Président de la République, l’Assemblée nationale traitera avec attention le volet ultramarin, si important dans l’organisation de notre pays.

Plus largement, au sein de l’Assemblée nationale, c’est une vraie « culture Outre-mer » que je veux diffuser. Dans ce but, est déjà lancé un cycle de petits déjeuners et déjeuners qui mettent, autour de la table, députés de l’Hexagone et des Outre-mer pour aborder des thématiques communes… Nous y associerons des chercheurs, en partenariat avec la chaire « Outre-mer » de Sciences Po.

Bref, de Paris à Cayenne, la France est tout à la fois une et diverse, américaine et européenne, équatoriale et tempérée. Ce qui nous unit, c’est le goût de la liberté, l’amour de notre langue commune et l’envie de former une nation toujours inventive et généreuse, sur laquelle le soleil brille toujours quelque part.

Merci de l’avoir signifié par votre présence, merci pour votre accueil que je n’oublierai jamais.

Vive la République, vive la Guyane dans la République, vive la France ! 

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