11e édition du cycle de débats L’Assemblée des idées sur le thème : « Être (ou ne pas être) parent. Inégalités, carrière, anxiété : mission impossible ? »

Mardi 15 octobre

Galerie des Fêtes
Seul le prononcé fait foi

Mesdames et messieurs les députés, chers collègues,

Mesdames et messieurs,

 

Je vais commencer par vous faire une confidence.

À l’annonce soudaine – très soudaine – de la dissolution, un de mes premiers réflexes a été de penser : « Mais ce n'est pas seulement l’Assemblée nationale qui est dissoute, c'est aussi l’Assemblée des idées ! »

J’ai redouté un instant que tout ce que nous avions construit pour ouvrir en grand les portes du Palais-Bourbon, puisse s’arrêter net … Et si je me suis représentée au Perchoir, c’est donc aussi pour que cette politique d’ouverture se poursuive et pour que vous soyez toujours les bienvenus ce soir !

Car depuis deux ans, c'est une véritable révolution copernicienne que j’ai initiée : la révolution de l’ouverture citoyenne à l'Assemblée nationale, avec le doublement des visites, l’accueil d’expositions d’art contemporain, ou les permanences citoyennes.

Et cette Assemblée des idées est à l’avant-garde de ce mouvement.  En deux ans, nous en avons fait une véritable agora moderne où la délibération parlementaire s’entrelace avec la discussion citoyenne.

Du logement à la justice sociale, de l’IA aux médias, nous avons abordé de multiples thèmes. Ce soir, nous avons choisi la thématique de la parentalité. Parce que si "élever un enfant" est un défi, il est aussi temps d’élever le débat sur la question.

Pendant longtemps, la France était présentée comme une exception démographique en Europe – avec l’Irlande. Mais soyons lucides : cette exception française n’existe plus.

Certes, notre hiver démographique n’est pas aussi glacial qu'en Italie, où l’indice de fécondité plafonne à 1,25 enfant par femme.

Mais la tendance est implacable. L'indice de fécondité, de 3 enfants par femmes en 1975 et de 2,03 en 2010, a chuté à 1,68 en 2023.

Nous sommes passés sous la barre du renouvellement des générations… malgré tous mes efforts personnels pour inverser la tendance ! Car je suis moi-même maman de cinq enfants.

C’est d’ailleurs une question que m’a posée Gabin sur Instagram : « comment être à la fois Maman et présidente de l'Assemblée nationale ? »

Eh bien, pour reprendre le titre de notre Assemblée des Idées, ce n'est pas « mission impossible ». Cependant, c'est un défi qui exige beaucoup d’acrobaties et quelques compromis. Mais après tout, la vie, qu'elle soit familiale ou politique, n’est-elle pas une longue suite de compromis ?

Certains pourraient cependant objecter que si les cigognes sont au chômage partiel, c'est parce que le désir d’enfant s’est envolé.

Mais en réalité, cette « non-parentalité » apparaît plus subie que choisie. Le nombre souhaité d’enfants par femme reste à 2,27, bien au-dessus de 1,69.

Oui, avoir un enfant fait toujours rêver en France : et c'est aussi ce que vous nous avez dit sur les réseaux sociaux. Juste avant l’évènement, je vous ai demandé sur Instagram ce qu’évoquait, pour vous, être parent. Et la réponse qui arrive en tête – avec la majorité absolue des voix – c'est qu'être parent, c’est d’abord avoir les étoiles dans les yeux.

Mais vous avez été très également nombreux à me dire qu'être parent était aussi un rêve inaccessible…

Maureen m’a dit par exemple « que c'est trop dur d’avoir des enfants en France ». Ou encore Emeline : « Comment rendre cette équation réalisable et nous permettre d’être des femmes et mères épanouies ? »

Eh bien Emeline, même si j’ai fait des études de droit et non de maths… je veux bien vous aider à résoudre cette équation.

Une question s’impose donc : pourquoi ces renoncements à fonder une famille ?

Les raisons en sont multiples : difficulté de concilier vie « pro et perso » ou à rencontrer la bonne personne, manque de crèches, angoisse écologique, coût du logement notamment en Île-de-France, où chaque naissance pousse les parents 10 kilomètres plus loin de Paris…

N’oublions pas enfin les inégalités entre femmes et hommes. Car l’économiste américaine Claudia Goldin, Prix Nobel d’économie l'an dernier, l’a démontré : un partage plus équitable des tâches domestiques renforce le désir ou la possibilité d’être parent.

Ce débat pose donc des questions essentielles sur notre modèle social.

Comment ajuster nos politiques publiques – allocations familiales, accès à la garde d’enfants, au logement – pour que la parentalité ne soit pas un parcours du combattant mais un parcours de vie, un parcours choisi ?

Et comment aussi mieux tenir compte de l’évolution de la parentalité ? Car il n’y a plus une parentalité, mais des parentalités. Monoparentalité, coparentalité, homoparentalité… Et la loi s’adapte : par exemple la dernière loi de bioéthique, en ouvrant la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, a marqué un progrès attendu.

Nous parlerons aussi du congé parental. Ne gagnerait-on pas à s’inspirer de la Commission des 1000 premiers jours, que vous avez présidée, cher Boris Cyrulnik ? Vous y préconisiez notamment un congé paternité allongé à 9 semaines.

Pour ma part, je suis favorable à la création d’un nouveau congé de naissance mieux rémunéré et je souhaite que nous encouragions au maximum les hommes à le prendre, afin que les efforts soient mieux partagés.

Pour évoquer tous ces sujets, il nous fallait des experts de haut vol.

Nous aurons donc le plaisir d'entendre Marisol Touraine, Présidente du conseil d'administration d'Unitaid, ancienne ministre des affaires sociales et de la santé.

Nous accueillons également Boris Cyrulnik : il vient de publier, avec Micheline Misrahi, le livre Nouvelles fertilités, nouvelles familles, nouvelle humanité

À ses côtés, Jean Birnbaum, rédacteur en chef du Monde des livres, nous fera part des conclusions de son dernier livre, Seuls les enfants changent le monde.

Et Anna Roy, écrivaine et chroniqueuse, nous éclairera aussi à travers son expérience de sage-femme. 

Je remercie enfin Agathe Lecaron, qui anime La maison des maternelles sur France 2, d’avoir accepté de modérer cette discussion.

Après avoir dialogué, nos invités répondront à toutes vos questions. Car l'Assemblée des Idées est un espace où nous vous écoutons et construisons des solutions à partir de toutes vos contributions. Bonne soirée et bonne Assemblée des idées à tous !

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