Mardi 15 avril 2025
Discours
Discours
Ouverture du colloque en hommage à M. Louis Mermaz, ancien Président de l’Assemblée nationale
Hémicycle
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames et messieurs les députés, chers collègues,
C’est avec l’émotion des souvenirs que je prends aujourd’hui la parole, en hommage à notre ancien collègue, Claude Goasguen, qui nous a quittés le 28 mai dernier.
Tous ici, nous avons souvenir, en effet, de ces belles séances qu’il faisait retentir de ses opinions, avec cette verve, cette culture, qui lui étaient propres.
Tous ici, nous avons en mémoire sa voix, sa haute silhouette, sa gestuelle d’orateur classique. Claude Goasguen fut député pendant vingt-cinq ans, mais en réalité, il était taillé pour siéger au sénat de l’ancienne Rome.
Le droit romain, d’ailleurs, constituait pour lui une source d’inspiration vive et féconde. Assistant, maître-assistant, maître de conférences, recteur puis doyen de faculté, sa vie durant il enseigna l’histoire du droit ; et nous fûmes ici, en quelque sorte, ses derniers élèves quand, dans cet hémicycle qui devenait son amphithéâtre, l’universitaire qu’il était foncièrement resté replaçait le débat dans les perspectives longues et les problématiques élevées qu’il avait le talent de nous ouvrir.
Au printemps dernier, il venait de fêter ses soixante-quinze ans quand la maladie le frappa, lui, le fils de marin, né dans cette petite Bretagne méditerranéenne qu’est pour une part la rade de Toulon. Mais il restait flamboyant, passionné, comme il l’avait été tout au long de sa carrière politique.
Tenté, dans sa jeunesse, par une forme d’activisme qui sans doute convenait à son goût de la bataille et du défi, il comprit que cette voie n’était pas la bonne et préféra s’engager sur le chemin de la vie élective.
Suppléant de Jacques Toubon dans la 10e circonscription de la capitale, située sur les XIIIe et XIVe arrondissements, Claude Goasguen devenait en 1993 député de Paris. Deux ans plus tard, le voici brièvement ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Citoyenneté. En 1997, il conquiert un nouveau siège de député dans la 14e circonscription de Paris, qui va le réélire quatre fois de suite.
Conseiller de Paris dès 1983, adjoint de Jacques Chirac qui l’appelait « il Magnifico », maire du XVIe arrondissement de 2008 à 2017, Claude Goasguen était aussi un acteur influent de la démocratie locale parisienne. Son dernier acte politique fut d’ailleurs de voter aux dernières élections municipales.
Homme de droite, volontiers bretteur, Claude Goasguen pouvait être moqueur ou caustique, truculent et parfois désarmant, mais toujours il restait respectueux de ses contradicteurs : c’était le débat qu’il aimait, la fine controverse, le ballet des arguments et contre-arguments. Dans cet art, il était passé maître et sa maestria nous étourdissait.
J’ai évoqué sa présence dans l’hémicycle, je voudrais aussi saluer son assiduité et son exigence dans les travaux moins médiatisés, et pourtant si utiles, qui sont ceux des commissions.
Claude Goasguen fut membre successivement de la commission des Lois, de celle des Finances et enfin de la commission des Affaires étrangères, ce qui montre la diversité de ses talents.
Écouté et respecté de ses collègues, y compris de ceux qui ne pensaient pas comme lui, Claude Goasguen était si estimé qu’au lendemain de sa disparition, la commission des Affaires étrangères lui consacra une séance d’hommage des plus émouvantes, à l’initiative de sa présidente, Marielle de Sarnez, qui vient de nous quitter elle aussi.
Comme elle, Claude Goasguen scrutait la marche du monde, avec curiosité, acuité – avec gravité aussi, quand il s’agissait de déceler des menaces et d’alerter la Représentation nationale.
Ce fin connaisseur de l’histoire proche-orientale, devenu président du groupe d’amitié France-Israël, s’était mobilisé contre l’antisémitisme, allant jusqu’à porter symboliquement la kippa en salle des Quatre-Colonnes, par solidarité avec un concitoyen juif victime d’une d’agression.
Ennemi de toutes les formes de persécution, Claude Goasguen défendit avec une égale conviction et une égale ampleur la cause douloureuse des chrétiens d’Orient.
Au plan international, cet amoureux de la parole et des mots militait aussi pour la francophonie, tissant des liens chaleureux avec nos cousins québécois. Patriotisme et ouverture au monde, chez Claude Goasguen, allaient de pair. Le français était pour lui la langue des libertés, qui convenait à merveille à son indépendance d’esprit, à son anticonformisme et, tout simplement, à son brio.
Pour faire taire un pareil tribun, il fallut qu’une pandémie nous frappe. Comme des dizaines de milliers de nos concitoyens, Claude Goasguen fut rattrapé par le coronavirus ; il connut les mêmes souffrances, les mêmes angoisses, l’hospitalisation, la réanimation.
Claude Goasguen était un combattant. Pendant plusieurs semaines, il lutta, vaillamment, contre la maladie.
Il pensait l’avoir vaincue d’ailleurs, il se préparait à revenir parmi nous, pour continuer d’exercer son mandat, et cette perspective le soutenait. Mais l’épreuve avait affaibli son cœur qui, le 28 mai 2020, cessa de battre.
Lecteur de Cicéron, Claude Goasguen connaissait bien cet enseignement de la première Tusculane : « On envisage la mort avec sérénité si, au moment de mourir, on peut être fier de sa vie. » Oui, notre collègue pouvait partir fièrement, fort d’une existence tout entière vouée à son pays et à la République.
Adieu, géant batailleur et tonitruant, dont le verbe manque à nos débats maintenant. L’Assemblée nationale se souviendra de lui longtemps.
À sa famille, à ses amis, à ses collaboratrices, au nom de tous les députés de l’Assemblée nationale et en mon nom personnel, je présente mes condoléances attristées.
Mardi 15 avril 2025
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