Hôtel de Lassay
^{Seul le prononcé fait foi}

Monsieur le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, cher Stanislas Guerini,

Madame la ministre chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnelle, chère Carole Grandjean,

Madame la ministre chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, chère Agnès Firmin Le Bodo,

Mesdames et messieurs les députés,

Mesdames et messieurs les élus,

Monsieur le président du groupe La Poste,

Mesdames, messieurs,

C’est la première fois que j’ai l’honneur d’accueillir cette cérémonie à la présidence de l’Assemblée nationale. Et pour tout vous dire, si elle n’avait pas lieu tous les ans depuis 2008, j’aurais aimé l’inventer, tant elle est utile.

Inventer, innover, qu’est-ce que cela signifie ?

Le poète Louis Scutenaire l’a dit en peu de mot : « Qui comprend invente. » Il signifiait par-là que l’innovation n’est pas seulement une rupture, mais aussi un prolongement : une manière plus intelligente, plus efficace et plus adaptée de parvenir au résultat recherché.

Au moment où s’engage la réflexion sur la réforme de nos institutions, c’est dans cette perspective qu’il faut rechercher l’innovation politique. 

Pour parvenir à la démocratie du XXIe siècle, nous devons rester fidèles aux principes républicains, aux valeurs humanistes qui fondent notre modèle démocratique, mais chercher ardemment les moyens de leur donner corps, concrètement, de moderniser nos processus et nos organisations, pour mieux répondre aux attentes de nos concitoyens.

Un acteur public, c’est cela : quelqu’un qui agit pour la collectivité, et qui se montre capable de se réinventer pour rendre son action plus efficiente et plus visible. Et c’est tout l’intérêt de ces prix qui viennent d’être remis : faire honneur aux innovateurs, pour saluer leurs efforts, mais aussi pour encourager l’innovation au sens large, en faisant connaître et en diffusant les bonnes pratiques.

C’est pourquoi je suis heureuse de me trouver parmi vous pour remettre, à mon tour, le Grand Prix des lecteurs d’Acteurs publics, qui est aussi un exercice pratique de démocratie participative. 

Depuis mon élection, j’ai voulu ouvrir l’Assemblée nationale aux citoyens, aux artistes, aux experts, pour que le Palais-Bourbon ne soit pas un bastion ni le club très fermé des heureux élus, mais au contraire la maison de tous les Français, le lieu par excellence de l’échange et du débat. Lundi dernier encore, je tenais ces permanences citoyennes qui permettent à des Français de me parler directement de leurs problèmes, de leurs préoccupations – de leurs espoirs aussi, qui passent souvent par un renouveau de l’action publique.

Dans cette politique d’ouverture, vous voyez que je n’oublie pas ces acteurs essentiels que sont nos collectivités territoriales, leurs élus et leurs fonctionnaires. 

Conseillers régionaux, conseillers départementaux, maires, adjoints et conseillers municipaux, fonctionnaires et contractuels territoriaux, vous êtes les bienvenus à l’hôtel de Lassay, car c’est vous qui, sur le terrain, êtes en première ligne, pour faire vivre au quotidien la République.

Moi-même, d’ailleurs, je suis restée conseillère municipale ; car j’ai beau monter au Perchoir, je veux garder les pieds sur terre… 

Dans ma ville justement, sur une modeste maison de crépi et de briques, une plaque rappelle que vivait au Vésinet le philosophe Alain, qui disait : « L’homme n’est heureux que de vouloir et d’inventer. »

Comme lui, je trouve que le conservatisme, l’immobilisme et toutes les formes de routine ou de repli sont contraires à la vie : à la vie en général et à la vie démocratique en particulier.

Au plan local comme au plan national, ce que nous voulons, c’est une France heureuse, capable d’innover, fière de surmonter les difficultés et d’ouvrir des possibilités nouvelles à nos concitoyens.
Et qu’il s’agisse de valoriser nos territoires, de développer notre économie ou de rapprocher les citoyens des institutions, oui, les collectivités locales ont un rôle majeur à jouer.

Avant de décerner un prix, je veux d’ailleurs saluer l’ensemble des acteurs publics de France et toutes les collectivités participantes. Leur engagement, leur dévouement représentent une ressource irremplaçable pour notre République, qui ne serait qu’une abstraction sans leur énergie, sans leur passion du bien public. Au nom de la représentation nationale, je les en remercie.

Par un hasard du calendrier, cette remise de prix se tient un 8 février, jour anniversaire de la naissance de Jules Verne, l’écrivain visionnaire qui pressentit le cinéma, le sous-marin et la conquête spatiale. « Les obstacles sont inventés pour être vaincus », écrivait-il dans Cinq semaines en ballon. Un conseil qu’il mit en pratique, lui qui fut, à Amiens, un adjoint au maire très actif, à l’origine de nombreux équipements communaux. Dans Une Ville idéale, il décrivait quelques innovations qui semblaient des vues de l’esprit en son temps, comme l’éclairage l’électrique, le tramway et même la rénovation urbaine : autant de visions qui sont devenues réalités, à force de d’imagination, de travail et de volonté politique.

En 2023, je sais qu’il y a dans cette salle les Jules Verne de notre temps et il est juste de les récompenser.

Cher Pierre-Marie Vidal, pour clôturer cette cérémonie, il nous reste donc à ouvrir l’enveloppe qui nous donnera le nom du lauréat du Prix des lecteurs – ou peut-être de la lauréate… 

Je vous remercie.