Ouverture de la cérémonie de remise des Prix du Trombinoscope
Jeudi 16 février
Hôtel de Lassay
Seul le prononcé fait foi
Madame l’Ambassadrice de la république de Moldavie, chère Corina Calugaru,
Mesdames et messieurs les parlementaires, chers collègues,
Monsieur le Président de l’Association des Maires de France, cher David Lisnard,
Monsieur le Président du Trombinoscope, cher Alexandre Farro,
Monsieur le Président du jury, cher Christophe Barbier,
Mesdames et messieurs les journalistes et éditeurs de presse,
Il y a tout juste un an, à la cérémonie des Prix du Trombinoscope, j’ai eu l’honneur de recevoir le prix de la députée de l’année.
Cher Alexandre Farro, cher François-Xavier d’Aillières, le Trombinoscope constitue bel et bien une institution dans notre France démocratique.
Le premier Trombinoscope est né avec la République, après la chute de Napoléon III. Les Français étaient appelés aux urnes pour élire une Assemblée nationale et, en février 1871, au lieu d’un empereur dont le profil avait été omniprésent, c’étaient plus de 700 têtes, plus de 700 trombines qu’il fallait connaître pour suivre la vie publique. Alors le journaliste Léon-Charles Bienvenu, dit Touchatout, eut l’idée géniale d’un Trombinoscope, c’est-à-dire d’un journal montrant les bobines des nouveaux orateurs et ministres.
Ce premier Trombinoscope était d’ailleurs assez féroce. Ses portraits étaient des caricatures, Gambetta, Thiers, Grévy et quelques autres en prirent pour leur grade.
Le second Trombinoscope, le vôtre, est plus respectueux des personnes, mais il n’en reste pas moins exigeant et surtout il remplit le même rôle de vigie républicaine, à l’affût des nouveaux talents.
Car la République a beau être laïque, elle a parfois des révélations… Et ce soir, grâce aux jurés que je remercie de leur temps et de leur engagement civique, vont être décernés les prix de la révélation politique de l’année, de l’élu local de l’année, de la personnalité européenne de l’année, des sénateurs, députée et ministre de l’année et celui de la personnalité politique de l’année.
Je crois savoir que le palmarès est à l’image de l’année écoulée : parlementaire et féminisé.
Nous venons en effet de vivre une année extraordinaire, historique. Après une campagne présidentielle mémorable, qui battait tous les records en nombre de candidats, les législatives nous ont donné une Assemblée nationale sans précédent.
Une Assemblée sans majorité absolue, une Assemblée particulièrement représentative des Français, comportant pas moins de dix groupes.
Une Assemblée très féminine aussi, tout spécialement dans ses instances de décision, avec pas moins de quatre présidentes de groupe, cinq vice-présidentes, une première questeure, et bien sûr une présidente, ravie de vous accueillir ici.
Une Assemblée, ajouterai-je en effet, qui se trouve plus que jamais sous le regard de la presse, et ce n’est pas un hasard si vous, journalistes politiques, journalistes parlementaires, êtes si nombreux au Palais-Bourbon depuis le début de la législature.
Ce soir, c’est dans cette superbe galerie des Fêtes ; les autres jours, c’est plutôt aux Quatre-Colonnes ou dans la salle des Pas-Perdus que nous nous voyons, dans l’intensité du moment. La presse est là où il se passe quelque chose et il n’aura échappé à personne que, sous cette législature, nous retrouvons la vigueur, la passion du vrai débat parlementaire, les excès de parole parfois : je suis là pour calmer le jeu. Des excès de procédure, quand les amendements déposés sur un texte, mis bout à bout, dépasseraient l’altitude du Kilimandjaro…
Mais retenons ce qui est important : les débats ont lieu, les arguments fusent, la République vit intensément et la presse est là pour en rendre compte : je m’en réjouis.
Ce soir, une vieille tradition réunit la presse et la politique. Pendant une heure, les plus critiques d’entre vous sont exceptionnellement autorisés à dire du bien de nous, à remettre des prix, à faire des compliments… C’est là une occasion trop rare pour la laisser passer et vous comprenez pourquoi j’ai tenu à ouvrir cette cérémonie.
Mais n’oublions pas ce conseil de Molière, puisque la France commémorera demain le 350e anniversaire de sa disparition :
Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on le flatte ;
À ne rien pardonner, le pur amour éclate.
Tel est l’amour paradoxal, l’amour vache qui unit la presse et la démocratie, le « quatrième pouvoir » et les responsables politiques : c’est en étant critique et vigilants que vous nous soutenez, dans le pur amour de nos libertés démocratiques.
Je vous remercie et c’est avec plaisir que je cède la parole à Alexandre Farro, président du Trombinoscope.