Ouverture de la 18e édition de L’Assemblée des idées sur le thème « 1905-2025 : la laïcité, ciment de la Nation ou miroir de ses divisions ? »

Mercredi 10 décembre

Galerie des Fêtes
Seul le prononcé fait fois

Mesdames et messieurs les parlementaires,

Mesdames, messieurs,

« Telle qu'elle est appliquée en France, la laïcité est surtout un moyen de discrimination contre les personnes de religion musulmane ».

C'est ce que pensent aujourd'hui plus de 4 jeunes sur 10 dans notre pays.  

De même, alors que la majorité des lycéens rejetaient, en 2006, le port de signes religieux ostentatoires dans les lycées, ils sont désormais 52 % à l’approuver - contre seulement 25 % des adultes.

Trop souvent, la laïcité est désormais perçue, par les nouvelles générations, comme un instrument de stigmatisation ou de coercition - et non de libération.

120 ans après l’adoption de la loi du 9 décembre 1905, nous sommes donc face à un défi aussi colossal que crucial.

Comment transmettre la passion, en 2025, d’un principe datant de 1905 ?

Comment démontrer à notre jeunesse que la loi n’écrase pas la foi - mais garantit à chacun le choix d’être soi ?

Comment expliquer la laïcité à ceux qui, dans une époque mondialisée, grandissent avec d’autres modèles de société sous leurs yeux ? Et qui tiennent la liberté individuelle comme une valeur première ?

En somme, comment faire comprendre à la jeunesse de France que la laïcité n'est pas un outil de coercition ou d’interdiction - mais d’émancipation ?

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En la matière, c'est la Présidente de l'Assemblée nationale qui vous le dit : la loi peut beaucoup, mais elle ne peut pas tout. 

Le meilleur moyen de faire aimer la laïcité, ce n'est pas de l’imposer ; c'est de l'enseigner. C'est de faire œuvre de pédagogie et de transmission.

Il nous faut donc le rappeler. Non, la laïcité n'est pas un principe « contre » les religions ; mais un principe « pour » : pour la liberté de conscience, pour l’égalité, pour la promesse républicaine. 

La laïcité, c'est notre bien. C'est notre lien. C’est l’égalité des religions devant la loi. C’est la condition de notre pacte civique. C'est la neutralité de l’État, non la neutralisation des religions.

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Mieux faire comprendre la laïcité pour mieux la faire aimer : c'est pourquoi nous sommes réunis pour cette 18e édition de l’Assemblée des idées.

Et c'est aussi tout le sens de cette Semaine de la laïcité que nous organisons à l'Assemblée, avec la tenue de plusieurs débats, mais aussi notre exposition historique en Bibliothèque et l’édition du livret qui vous a été distribué.

Lorsqu’en 2022, j’avais décidé de créer ces Assemblées des idées, véritables agoras citoyennes des temps modernes, j’avais deux priorités à l’esprit.

D’abord, ouvrir l'Assemblée sur la société, sur la jeunesse,
afin de rapprocher le débat parlementaire du débat citoyen.

Ensuite, éclairer des sujets polémiques par des analyses dépassionnées.

Sur la laïcité, cette démarche est indispensable. Pour redonner un espace à la nuance. Pour retrouver, ensemble, cette éthique de la discussion et de la modération qui fit la grandeur des débats de 1905. 

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Afin de mener ce dialogue exigeant et éclairant, nous avons la chance d'avoir des intervenants de haute volée. Je remercie donc pour leur participation :

-      M. Abdennour BIDAR, philosophe, spécialiste des religions ;

-      Mme Rita HERMON-BELOT, historienne, directrice d’études émérite à l’EHESS ;

-      M. Richard MALKA, avocat, écrivain et scénariste.

Et je remercie également Virginie LAROUSSE, qui modèrera notre débat.

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Mesdames, Messieurs,

J’ai formulé un vœu : que l’esprit de 1905 souffle à nouveau en 2025.

Eh bien, j’ai une très bonne nouvelle.

Ce souffle de 1905 - de cette loi qui fut adoptée à quelques pas de vous, dans l’hémicycle - va vibrer de nouveau, en ce jour, au cœur de la représentation nationale.

Vous allez en effet pouvoir applaudir, dans quelques instants, deux brillants étudiants, qui s’apprêtent à redonner voix et vie aux débats parlementaires de 1905.

Chère Lilia, cher Rami - ou plutôt cher Aristide Briand, cher Jean Jaurès – nous avons hâte de vous entendre !

Chère Virginie LAROUSSE, j’ai le plaisir de vous céder la parole.

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